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La restauration, la clé absolue pour avoir de belles baïonnettes


Pour tout collectionneur, qu'il soit débutant ou spécialisé, le moment du départ à la recherche d'une pièce qui pourrait compléter sa collection est un moment privilégié. Mais hélas, toute cette mise en route est parfois réduite à néant lorsqu'il se retrouve face à cette pièce qu'il ne possède pas encore, sur l'étalage du vendeur mais qui présente un état déplorable, avec une dégradation dûe à la rouille bien avancée.


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En effet, il est rare de trouver des pièces à l'état quasi de neuf comme sur l'exemple précédent.
Alors le choix se fait rapidement: soit on l'abandonne au vendeur, soit on l'achète mais culpabilisant avec une certaine tristesse car on sait pertinemment que l'on n'a pas les moyens de lui rendre son état original. Et que cette pièce pourrait faire pâle figure face aux autres baionnettes. Mais qui sait ? et si il existait une manière de lui rendre un plus bel aspect.


Dans cette page, nous allons voir qu'il existe des possibilités de diminuer la rouille sans altérer le bleu originel de la pièce, mais bien sûr en s'armant de patience et d'un peu de matériel !.



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Ici, nous voyons une baïonnette 84/98 2ème type qui semble à première vue en bon état aussi bien sur le recto à gauche que sur le verso à droite : (cliquez sur les photos pour les détails); le fourreau parait bien bleu sans trop de rouille superficielle. Dans la réalité, il n'en fut rien, je l'avais trouvée très attaquée et, sur le coup, j'ai bien hésité avant de l'acheter mais son bleu original couvrant une surface importante et son relatif bon état général me fit changer d'avis.



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Cela dit, il est certes à déplorer que des personnes laissent se dégrader ces pièces qui témoignent d'un passé glorieux, en les laissant souvent à des emplacements ou dans des endroits humides, comme une cave, pensant que c'est le seul endroit qui puisse convenir. Mais puisqu'il en est ainsi, il faut faire avec et dans notre cas, nous pouvons voir que toute la surface est attaquée soit par des tâches éparses, soit par des îlots.

Nous constatons que la rouille, forme de cancer du métal, est de couleur brune claire et peut laisser penser que la pièce a été finalement que peu en contact avec l'oxygène et l'humidité, et ainsi nous laissant espérer à peu de grignotage interne.

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Pour ce faire, je prends comme exemple un îlot sur le verso et au milieu du fourreau, zone facile d'accès. La rouille sur celui-ci est importante mais son volume se forme vers l'extérieur, signe positif mais impliquant pour nous un peu d'huile de coude.

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Dans un premier temps, je badigeonne la surface avec de l'huile genre vaseline ou KF 5, c'est  à dire pas trop agressive pour ne pas altérer chimiquement le bronzage de l'acier (éviter le WD 40). J'étale bien pour faire pénétrer et j'attends que la rouille s'imprègne.

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Il est plus facile de travailler cette rouille une fois bien affaiblie par la viscosité de l'huile et d'avoir ainsi une surface type aquaplanning. Ceci permet alors de faire des mouvements de 8 légers sans appuyer avec une petite lime acier ou mieux lime diamant. Petit à petit, les îlots s'ammenuisent et on constate que l'acier sain ne se raye pas. On répète l'opération souvent tout en nettoyant avec un sopalin et on contrôle les résultats.

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Parfois, quand la rugosité des îlots est trop importante, j'utilise une petite brosse avec fils acier (ou laiton selon la friabilité de la rouille) que j'insère sur un flexible dremel. Celui-ci étant plus pratique pour ce type de travail est réglé à basse vitesse.

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Il est important de bien comprendre qu'il ne faut pas utiliser cette petite brosse même en laiton sur la surface car il y a de gros risques de faire disparaitre rapidement le bleu. La combinaison de la force d'appui de la brosse et de l'huile agit très rapidement et occasionne des traces irréversibles style acier poli.

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Une fois l'îlot disparu, on peut s'attaquer aux petites marques de rouille avoisinnantes.
Maintenant, notre travail va se faire sur le flanc du fourreau.

Il faut donc bien faire attention car vu que la surface diminue, on a tendance à trop repasser sur cette même surface,à cause des angles d'inclinaison différents et des mouvements de va et vient de la lime.

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Jusque là, le travail est assez facile car les zones sont exemptes d'obstacles et d'angles abruptes. Le plus difficile se situe autour du bouton de chape. On a très vite tendance à limer sur les bords et à enlever de la matière acier, ou à limer dessous et avec l'outil creuser dans le cylindre avec le côté de la lime.

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Pour obtenir un résultat impeccable, il faut pouvoir enlever la vis de maintien des ressorts internes. Comme souvent la rouille est allée se loger aussi dans le pas de vis, la vis est alors "soudée" et essayer de dévisser avec un tournevis devient une opération périlleuse. Si l'huile et le temps n'ont pas fait effet alors je conseille de laisser tel quel car le tournevis risque alors d'aggrandir la fente, pire de casser le haut de vis au dessus du début du pas de vis.

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Il ne nous reste plus qu'à parfaire les autres zones, notamment le bas du fourreau.
Attention aussi pour la boule, les conseils au sujet du bouton de chape sont valables aussi ici.

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Voilà, le travail est terminé et il ne nous reste plus qu'à contempler le travail terminé comme sur les 2 premières photos.

Pour ma part, je laisse toujours une nuit de plus de l'huile neuve sur la surface afin qu'elle imprègne la rouille qui est restée dans les petites anfractuosités. Ceci est important car elle stoppe l'attaque interne de cette rouille.


Il est certain que ce travail est un travail long et pénible, qui demande une certaine patience. Mais je trouve qu'il en vaut la chandelle. Il suffit de regarder une fois finie la baionnette et l'on a l'impression que celle-ci tape à l'oeil, contrairement à son aspect disgracieux avec la rouille dessus. D'autant plus que si l'on fait bien attention de ne pas attaquer chimiquement et physiquement le bleu originel, alors on peut considérer que ce fourreau a retrouvé de sa superbe comme aux origines de sa création. Il nous a suffit d'éliminer une contrainte visuelle qui s'est établie depuis sa création dûe aux années passées. Beaucoup de collectioneurs ne veulent pas toucher à cette rouille pensant que cela fait partie du patrimoine de la baïonnette et que le fait de travailler dessus modifie l'aspect original. Mais la rouille continue ses dégâts. Nous voyons ici qu'il n'en est rien et on est loin des massacres ponçages ou polissages forcés faits à la va-vite pour remettre en état par des vendeurs commercants qui n'ont que le souci visuel afin de mieux vendre.


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